Histoire : la naissance du professionnalisme en France

C'est dans les salons du célèbre hôtel Ambassador, bd Haussmann,
que sera prise la décision historique pour le Rugby

Dans la serie des dates importantes qui ont marqué notre rugby, on se souvient tous de 1919 (date de création de la FFR, inscrite en titre sur notre site). Il faut rajouter maintenant celle du 26 août 1995.
Dans le sous-sol du salon Molière de l'hôtel Ambassador à Paris, 21 membres du Conseil de l'International Board balayent 172 ans d'amateurisme du rugby à XV. Avant cette date, on ne pouvait pas payer quelqu'un pour jouer au rugby à XV dans le monde, sous peine de le voir exclu de sa fédération nationale. Une ironie quant on pense qu'une frange importante de la famille du rugby (qui modifiera les règles plus tard pour jouer à XIII) a dû faire sécession, 100 ans plus tôt, car de malheureux joueurs d'origine ouvrière demandaient un maigre compensation pour leurs heures de travail perdues.
Revenons à la façon dont le rugby est devenu professionnel, ce jour d’août 1995, car les choses ne se sont pas faites dans la quiétude et la sagesse, contrairement aux idées reçues. A la vérité le passage au professionnalisme est la résultante d'un énorme chantage (ou coup de bleuff, pour d'autres) du magnat de la presse australienne Ruppert Murdoch.

Nord contre sud

Pour mieux comprendre cette affirmation, il faut se remettre dans l'ambiance de cette époque. Le rugby sortait de sa troisième Coupe du Monde qui venait de consacrer l'Afrique du Sud et sonner officiellement le retour de cette nation dans ce sport. Une occasion rêvée pour certains de pouvoir exploiter ce réservoir de joueurs de l'hémisphère sud et lancer un circuit professionnel, à l'image du rugby league australien (rugby à XIII). En première ligne, on retrouve le célèbre Rupert Murdoch qui cherchait à se positionner dans un sport majeur. Mais aussi son ennemi juré de l'époque Kerry Packer, déja investi dans le très rentable rugby à XIII australien. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas chômé puisqu'il avait passé toute la Coupe du Monde à arpenter les hôtels des joueurs pour obtenir un accord de principe sur leur ralliement à son projet de compétition professionnelle à XV.

Si bien que quand s'ouvrent les débats de cette réunion d'août 95, les représentants des fédérations du sud ont déjà pris le parti du professionnalisme, au risque de devoir sanctionner l'essentiel de leurs joueurs déjà convaincus par Kerry Packer. On comptait deux camps dans les membres de l'IRB : les conservateurs (Gallois, Irlandais, Ecossais, Argentins, Français et Anglais) et les modernistes (Australiens, Sud-africains et Néo Zélandais). Mais le travail de lobbying des deux magnats avait déjà trop pris d'avance et les membres de l'IRB avaient déjà le couteau sous la gorge. La rumeur faisait même état de 120 joueurs français qui avaient déjà signé une lettre d'intention avec un émissaire des magnats du sud, dont 26 de l'équipe de France. La presse faisait aussi l'écho d'un montant de 2,7 milliards de francs versés par Murdoch aux trois fédérations du sud pour l'organisation d'une compétition.

La France dépassée !

L'histoire se souviendra que la FFR avait tenté de faire de la surenchère auprès des joueurs tricolores pour éviter le clash. Bernard Lapasset, président de la FFR, proposa de passer la prime annuelle des internationaux à 310 000 francs de l'époque au lieu des 50 000 francs. Une prime dérisoire qui traduit bien le manque de sérieux des dirigeants de l'époque, déconnectés des réalités du monde professionnel. On se souviendra aussi de la célèbre phrase Albert Ferrasse (l'éminence grise du rugby français) : " Le professionnalisme n'est pas fait pour nous et puis, je n'y crois pas ..." Ou le mot de Bernard Lapasset, sûr de lui : "Pas de championnat pro en France ! ".

Conclusion

La conclusion, vous la connaissez. Une conclusion tintée d'amertume quand l'histoire révélera, plus tard, que les deux grands magnats à l'origine de tout, se sont finalement réconciliés afin de conclure un accord de paix sur le dos du rugby à XV. Packer laisse le rugby à Murdoch, en échange des droits sur les courses hippiques en Australie ! Véridique !
Comme une impression de manipulation de la part de Murdoch ... Bref, 172 ans de bons principes et d'éthique mis à mal par deux lascards australiens, en moins d'un an. L’histoire est aussi faite de çà !
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